Le véganisme et l’élevage industriel dans la culture du soja

Le véganisme et l’élevage industriel dans la culture du soja

Pour le plus grand nombre, l’engagement écologique se limite à des actes de consommation et beaucoup oublient que nous vivons dans une économie où les produits sont interconnectés, de l’agriculture à l’élevage. À côté, les publicitaires utilisent souvent l’idée du végétal meilleur pour la planète et pourtant par exemple, la consommation humaine de soja est un rouage essentiel de l’élevage industriel. Nous allons voir ensemble pourquoi.

Le soja est une légumineuse utilisée pour l’alimentation humaine directe (farine, huile, jus, tofu, protéines …) dont les déchets sont recyclés dans de nombreux autres secteurs comme l’alimentation animale (résidus des différents traitements de pressage : essentiellement tourteau), ces sous-produits ne sont que rarement, voire jamais, consommés par l’homme pour une question d’abondance alimentaire, de digestibilité et par goût.

Alors entre ces deux principales utilisations du soja, au final, qui est le plus responsable de la déforestation en Amérique du sud ? Le végétalien ou le viandard ?

Aujourd’hui, très peu d’animaux sont nourris par du soja grain (et donc complet). Ils mangent ce qu’on appelle du tourteau de soja, résultat du pressage pour l’extraction de l’huile de soja, l’huile végétale la plus consommée aux États-Unis, les champions du monde de l’élevage industriel.

Elle est destinée à l’alimentation humaine, surtout pour les plats préparés, le coût de cette huile étant faible. On peut la comparer à l’huile de palme sur les raisons économiques de son utilisation et le désastre environnemental qu’elle implique en Amérique du Sud. Depuis quelques années, elle permet aussi la production d’organo-diesel (je n’utilise pas le terme biodiesel, étant donné que c’est surtout du soja bénéficiant de la technologie agro-industrielle « roundup ready »).

Par ailleurs, le tournesol, le colza, l’arachide, le lin, le palmier, sont cultivés principalement pour leur huile et ces cultures ainsi que leur pressage génère des résidus solides non valorisables en alimentation humaine. Aucune culture ne produit plus d’huile que de résidus ou sous-produits, à l’inverse des glucides ou des protides qui peuvent représenter plus de la moitié du poids sec du produit d’une récolte, 68% pour le blé et 72% pour le maïs. Les lipides ne représentent que 48% maximum par exemple pour l’arachide du poids total, ce pourcentage descendant à 18% pour le soja. Donc dans le cas de l’huile de soja, cela génère 82% de déchets.

Pourquoi produire de l’huile de soja industriel ? Le rendement est très faible comparé à l’huile de palme ou de coco mais la production de soja est plus facilement mécanisable, elle est donc la culture la plus rentable et productive non pas par hectare mais par homme. Un seul agriculteur paysan peut cultiver 1000ha en semis direct. De plus, les qualités nutritionnelles de cette graine sont intéressantes pour divers dérivés. Le soja est une plante annuelle qui produit à la fin de son cycle monocarpique, contrairement aux arbre tropicaux qui produisent au bout de plusieurs années. Mais surtout le soja en Amazonie ne demande que très peu d’intrants car les sols sont riches et vivants, pour l’instant, et les cultures produisent 3 récoltes par an.

Les responsables de la déforestation sont donc les consommateurs de viande issue d’élevages industriels mais aussi ceux de produits transformés alimentaires et n’oublions pas les automobilistes. Seul le chasseur-cueilleur-agriculteur ou locavore, peu importe sa nationalité, n’est en rien responsable de cela. Le chef Raoni de la tribu la plus victime de cette déforestation peut vous le confirmer puisqu’il est loin d’être végan.

Le soja produira toujours des déchets, que seule la valorisation animale pourra utiliser, comme pour toutes les cultures par ailleurs. Mais il y a également des résidus issus de la transformation alimentaire dans l’agroalimentaire. Voici des exemples :

  • Huile de soja : Les graines sont décortiquées (pas toujours) puis pressée. Résidus : tourteau complet (82%)
  • Jus de soja : certains osent appeler cela du lait : Recette du jus de soja Les graine sont misent à tremper dans de l’eau, puis mixées et filtrées. Résidus : pulpe de soja (nommé Okara) (92%)
  • Le tofu : Recette du tofu Le jus de soja est caillé avec un jus d’agrume et du vinaigre (utilisation d’un acide) Résidus : pulpe de soja (92%) et petit jus de soja (équivalent du petit lait pour le fromage) (80%) Soit 94% de résidus de soja pour 6% de tofu.
  • Farine de soja : analyses comparatives Décortiquer les graines, broyer, griller (selon les procédés),Résidus : téguments (10%) et selon certain procédés de fabrication un peu d’huile de soja (18%)
  • Protéines de soja texturés : Faites à partir de farine de soja. Résidus : identiques à ceux de la farine (10% + 18%)

Partout où vous voyez écrit “tourteau”, “pulpe de soja” et “téguments”, c’est utilisé pour les animaux d’élevage industriel. Il est assez paradoxal de constater que les produits tels que le jus de soja et le tofu sont ceux qui valorisent le plus le soja en alimentation animale (plus de 90% du soja) alors qu’ils sont les plus populaires chez ceux qui veulent abolir l’élevage ; contrairement aux protéines de soja texturées au goût peu plaisant, mais qui contribuent à bien moindre échelle à l’élevage industriel. Au Japon, ils l’utilisent même pour faire du tissu et de la litière pour chat, alors que c’est un pays où le soja représente un symbole historique et culturel, comme le pain en France. Donc le tofu et le jus de soja permettent aux industriels de l’élevage de se faire un maximum d’argent en vendant des produits à base de soja plus chers que si c’était uniquement destiné à des animaux. Mangez la litière pour chat si vous ne voulez pas contribuer à l’élevage industriel !

Et dans le meilleur des cas, il n’y a que la pellicule enveloppant la graine de soja, le tégument, qui est valorisée en alimentation animale. Cela représente en moyenne plus de 10% du poids des graines de soja. Ramené à la production mondiale de 9 069 800 de tonnes, cela représente au moins 1 043 027 tonnes de déchets qui seront transformés en 104 303 tonnes de viande plutôt que de les composter, c’est de l’optimisation.

A noter aussi que le soja non français n’est pas utilisé par tous les éleveurs français. Il existe encore des éleveurs locaux, produisant en circuit fermé en ferme autonome. Le monde agricole étant en crise, certains éleveurs tendent même à revenir aux sources et à des modes de production d’avant guerre pour nourrir les consommateurs avec du 100% local. Il est bien plus logique et écologique de s’orienter sur du local qu’uniquement du végétal sans regard du reste (provenance, mode de production …).

La culture du soja industriel dans les zones de forêts vierges est inacceptable, mais le consommateur responsable n’est pas celui que les animalistes veulent nous faire croire. Nous sommes tous responsables du désastre écologique qu’entraîne la production massive de soja. Et la consommation de produits exotiques comme l’avocat, les amandes ou encore les bananes nous mènent dans des voies sans issues car il est impossible de ne pas dépendre du pétrole et des agrocarburants (voir carte). L’humain a toujours choisi les meilleurs aliments, au paléolithique déjà, il donnait les carcasses de gibier à son meilleur ami : le chien, et c’est souvent comme cela aujourd’hui durant des pratiques comme la chasse à courre. Et aujourd’hui, nous donnons les déchets agricoles indigestes par l’humain à des animaux d’élevage.

On peut voir de plus en plus de médias utiliser des luttes sociales comme le féminisme, l’anti-racisme ou le véganisme pour générer plus de trafic sur leurs contenus. Et les industriels l’ont aussi compris donc ils utilisent les convictions des défenseurs des animaux pour obtenir de meilleurs rendements dans leurs systèmes d’exploitation d’agriculture et d’élevage intensif.

Retenons bien que le consommateur de viande industrielle est le maillon final de la chaîne, le consommateur de tofu, jus de soja et autres dérivés est juste un autre rouage mais il n’en demeure pas moins indispensable.

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